Dossier

Los Piratas : la réponse du Lion à la Souris

À tous les flibustiers, partez à l'abordage de l'iconique Los Piratas qui aura marqué bon nombre de visiteurs de Bellewaerde Park !

En 1991, alors que la construction d’Euro Disney battait son plein à quelques 300 kilomètres de là, Bellewaerde Park inaugure une attraction librement inspirée de l’un des succès de la firme aux grandes oreilles, qui fera d’ailleurs partie de l’offre du nouveau parc Disney implanté sur le sol européen : Pirates of the Caribbean. Embarquons sur le navire du pirate John Speedy dans la folle aventure de Los Piratas !

En Août 1988, le titanesque chantier d’Euro Disney est lancé à Marne-la-Vallée. Face à l’arrivée imminente de ce véritable rouleau compresseur du secteur des loisirs, les parcs situés dans sa zone géographique tentent de réagir. C’est ainsi que Walibi Belgium ouvrira en 1992 le Colorado (connu aujourd’hui sous le nom Calamity Mine) qui n’est pas sans rappeler le célèbre Big Thunder Mountain des parcs Disney. Pour Bellewaerde Park, ce sera Pirates of the Caribbean le modèle. Les frères Luc, Éric et Carlo Florizoone, propriétaires de Bellewaerde et fils de son fondateur Albert Florizoone, font alors appel à Mack Rides, pour le Ride System, ainsi qu’à Golding Leisure Design (devenu Space Leisure), pour la thématisation et les 55 animatroniques. Le chantier est lancé en 1990, année du rachat du parc yprois par le Groupe Walibi, et l’attraction ouvre en 1991 dans la zone Mexico pour un budget total de 3,75 millions d’euros, ce qui en faisait le plus gros investissement du site à l’époque.

Fun Fact : En 1990, Drayton Manor inaugure une attraction presque identique : Pirate Adventure. Celle-ci fut également construite par Mack Rides et thématisée par Golding Leisure Design. La version britannique a été rendue inaccessible dès 2015 et fut définitivement fermée en 2017.

Le bâtiment de 3805 m² et de 9 mètres de haut qui abrite l’attraction est directement inspiré, pour sa thématisation, de celui de la version floridienne de Pirates of the Caribbean située au Magic Kingdom. On le doit aux entreprises Alheembouw, Deswebo et Hancke. À l’intérieur, les visiteurs arpentent d’abord une longue file d’attente les amenant dans les couloirs sombres d’un fort espagnol des Caraïbes. La storyline de l’aventure y est explicitée par l’intermédiaire de tableaux, de cartes et d’inscriptions.

« Le Yucatán, péninsule de la côte Est du Mexique, dans la mer des Caraïbes, a été confié au gouverneur Diego Hernandez de Oro par le Roi d’Espagne, qui occupe le pays. Dans la jungle, vivent les Mayas. Expulsés jadis du centre du Mexique par les Aztèques, les Mayas, bâtisseurs de génie, ont édifié des temples remplis d’or et de bijoux. À l’insu du Roi d’Espagne, le gouverneur décide de piller les trésors des Mayas. Il charge son fidèle serviteur Alfonso de ménager une rencontre avec John Speedy, un pirate de triste réputation. Ensemble, ils ourdissent un complot : les soldats espagnols seront éloignés du port fortifié de Cablo Real pour en faciliter l’attaque par les pirates. Après un orage épouvantable, les pirates attaquent Cablo Real. Comme prévu, le port tombe comme un fruit mûr entre les mains des pirates, qui mettent la ville à feu et à sang. Alertés par les flammes, les prêtres se tiennent sur leurs gardes. Déguisés en fantômes, ils montent une embuscade et capturent les pirates et leur chef. John Speedy dénonce son complice le vice-roi. Tous deux sont condamnés à mort par le Roi d’Espagne et pendus haut-et-court. Libérés des pillards, les Mayas fêtent leur victoire des jours durant. »

Sans trop s’en rendre compte, les visiteurs montent en fait d’un étage, le quai d’embarquement se situant en hauteur par rapport au niveau du sol. Ils grimpent alors dans un bateau et partent à l’aventure.

Après une première scène représentant le gouverneur Diego Hernandez de Oro et John Speedy attablés au même niveau que le quai d’embarquement, le bateau s’élance, sur une bande-son iconique, dans une petite chute d’un peu plus de trois mètres qui le fait redescendre au niveau du sol. Différents tableaux s’enchainent alors selon la storyline évoquée plus haut : l’orage, l’attaque de Cablo Real, le pillage des trésors des Mayas, les idoles mayas crachant du feu, le stratagème des fantômes, le combat naval des pirates face au fort espagnol, les musiciens mayas fêtant le départ des pirates et le squelette.

D’un point de vue technique, l’attraction, de type Water Dark Ride, possédait un parcours d’une longueur totale de 250 mètres, emprunté pendant 7 minutes 33 par 12 bateaux pouvant emmener jusqu’à 16 personnes (4 rangées de 4 places chacune) à une vitesse de 0,5 mètre par seconde permise par un courant généré par 30 pompes hydrauliques de 1,2 kilowattheure. La capacité théorique était ainsi fixée à 1500 visiteurs à l’heure.

Fun Fact : Dans la scène des fantômes, c’est la technique nommée Pepper’s ghost (du nom de celui qui l’a popularisée, John Henry Pepper) qui a été utilisée, tout comme dans certaines attractions Disney (citons comme unique exemple Phantom Manor à Disneyland Paris). Cette illusion utilise une plaque semi-réfléchissante et des techniques d’éclairage qui permettent de faire croire que des objets apparaissent, disparaissent ou deviennent transparents, ou encore qu’un objet se transforme en un autre, par réflexion d’objets situés dans un endroit caché du spectateur sur ladite plaque placée devant le décor observé.

Cadre bleu = plaque semi-réfléchissante / Cadre rouge = point d’observation des spectateurs

Sans grande annonce préalable, l’attraction fermera ses portes dès Septembre 2012. Le 14 du même mois, le parc dévoile l’arrivée d’une nouvelle montagne russe indoor en lieu et place de Los Piratas. Il s’agit d’Huracan, qui ouvrira ses portes la saison suivante, le 30 Mars 2013.

Malgré sa disparition définitive depuis plus de dix ans, le parc réutilise encore des éléments de Los Piratas dans sa décoration et surtout lors de ses événements. Ainsi, pour les saisons Halloween 2022 et 2023, des bateaux de l’attraction devenue culte dans la communauté de fans ont été placés sur le plan d’eau situé sous El Volador alors que la musique mythique de l’aventure y était diffusée… Le signe, sans aucun doute, que nous avons affaire là à une attraction de légende.

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